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La relation à l’autre… ça s’apprend

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Apprendre n’est pas limité aux connaissances didactiques. Et créer les conditions nécessaires à l’apprentissage par la construction d’une relation souple avec l’autre s’apprend de manière concrète, active et impliquée. Il s’agit « d’habiter » ou de « faire vivre en soi » ces apprentissages pragmatiques.

La relation entre le transmetteur et le récepteur (entre le parent et l’enfant, l’enseignant et l’élève, le catéchète et le catéchumène, etc.) est un lien symbolique fluide et réciproque, à construire et à faire vivre.

La coopération
Le psychosociologue Jacques Salomé utilise, pour illustrer ce lien nécessaire, l’image d’une écharpe ou d’une corde dont chaque membre de la relation tient ou détient un bout, comme dans le dessin ci-dessous.

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Ainsi les messages peuvent passer de l’un à l’autre et de l’autre vers l’un. Les rôles de transmetteur et de récepteur ne sont pas figés car l’un et l’autre s’enrichissent mutuellement de ce que chacun offre à l’autre et de ce que chacun reçoit de l’autre. Ce modèle de relation correspond aux attentes de coopération interindividuelle que désirent vivre à la fois les enfants/élèves/étudiants et les professionnels. Ils attendent en effet que leurs paroles, leurs demandes, leurs besoins, en lien avec la situation dans laquelle ils sont, soient entendus ou pris en compte par leurs interlocuteurs parents, enseignants, chefs…

La relation hiérarchique et ses limites
Ce modèle de relation basé sur la complémentarité et l’échange ne fonctionne que si l’émetteur, c’est-à-dire celui qui est garant du cadre, du programme scolaire ou de la mission à accomplir, ne se raidit pas dans son statut hiérarchique et n’impose pas ses dires, cours et décisions aux autres par un rapport de pouvoir ou de force, au risque de perturber la relation, comme dans le dessin ci-dessous.

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La communication ici ne circule plus entre les personnes en présence. Elle fonctionne toujours à sens unique de l’émetteur vers le récepteur et risque à court ou moyen terme de s’appauvrir, voire de se désertifier : le récepteur n’écoutant plus ce qui lui est transmis.
Cependant, ce type de relation fonctionne quand, et seulement quand, le récepteur, l’élève par exemple, a compris qu’il avait intérêt à accepter cette relation traditionnelle avec l’enseignant car elle pouvait lui être profitable : résultats scolaires satisfaisants, passage en classe supérieure, réussite aux examens, formation qualifiante, etc. Mais lorsque l’enfant, l’élève, le professionnel ne met pas en œuvre les compétences nécessaires pour accepter cette relation hiérarchique à sens unique (ou quand le parent, l’enseignant ou le chef ne se montrent pas dignes de cette acceptation), le modèle relationnel se raidit, se rigidifie comme dans le dessin ci-dessous, et devient insupportable voire violent pour celui qui y est soumis.

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Toute relation entre deux ou plusieurs personnes a besoin d’être perpétuellement interrogée, non pour rechercher les fautes ou erreurs commises par les uns ou les autres quand la relation bat de l’aile, mais pour la questionner et en préserver l’élasticité et la fluidité.

 

 

Edith Tartar Goddet
Présidente de l’AP2E (Association Protestante pour l’Education et l’Enseignement)

Source : Education, Proteste n°135, octobre 2013