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Violences conjugales : encadrer les victimes et les auteurs

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L’association réflexion actions prison et justice (ARAPEJ) accueille dans les mêmes locaux des victimes et des auteurs de violences conjugales. Depuis 2010, les demandes d’hébergement sont en croissance pour des femmes jeunes et isolées.

À Athis Mons dans l’Essonne, la résidence Belle Étoile, gérée par l’ARAPEJ 91, héberge des femmes victimes de violences conjugales. À sa création, cette structure devait surtout accueillir des femmes sortant de prison. Elle est de plus en plus sollicitée par les services départementaux. En 2013, sur 63 femmes hébergées, 15 sont des victimes de violences conjugales.

Des femmes isolées et de plus en plus jeunes
Djamila Niati, cadre éducatif et chef de service, explique : « Les femmes accueillies sont majoritairement maghrébines ou africaines, arrivées en France depuis peu de temps et munies d’un titre de séjour d’un an ou d’une autorisation provisoire de séjour. » Elle précise : « Comme leur vie matrimoniale a été de courte durée, elles sont souvent suspectées d’avoir conclu un mariage blanc. Ces femmes sont isolées et de plus en plus jeunes. En 2009 et 2010, elles avaient entre 40 et 50 ans. En 2013, la moyenne d’âge est de 26 ans. » Les demandes croissantes d’hébergement ne sont pas toujours satisfaites.
Les femmes sont hébergées pour une durée renouvelable de 6 mois. Comme l’établissement n’accueille pas d’enfants, ces derniers sont placés en famille d’accueil ou chez des proches. Des femmes venues de province sont accueillies lorsqu’elles sont menacées par des conjoints emprisonnés et récidivistes.

Démarrer une nouvelle vie
Sur place, les travailleurs sociaux les accompagnent dans leurs démarches administratives comme trouver un avocat, se rendre en préfecture, chercher un emploi et trouver un logement où elles seront en sécurité. Auparavant, les personnes hébergées vivaient dans une dépendance totale à leur mari et leurs papiers sont souvent à refaire. Selon Djamila Niati : « Ces démarches sont d’autant plus justifiées que les victimes n’osent pas déposer plainte par crainte des représailles. À cause des pressions familiales, les femmes nées au Maghreb ont honte, ce qui pose problème pour apporter la preuve des violences. » Durant quelques mois, ces femmes de plus en plus précarisées vivent dans un cadre serein et convivial le temps de démarrer une nouvelle vie. L’originalité de la résidence Belle Étoile est d’offrir également 11 places pour les auteurs de violences conjugales dans le but d’éviter la récidive. « Il est difficile pour les travailleurs sociaux de se positionner puisque la structure accueille les victimes et les auteurs, poursuit Djamila Niati. Cet accompagnement social comporte une recherche de logement moins temporaire. »
En Seine-Saint-Denis, l’antenne départementale de l’ARAPEJ mène des actions similaires auprès des auteurs orientés par le Parquet. Élodie Montait, l’adjointe de direction de cette antenne, observe : « Il existe un déni massif chez les auteurs de violences conjugales qui se posent en victime. Les causes externes sont fréquemment invoquées pour justifier leur passage à l’acte. »
Aucun avis n’est donné sur la pathologie et la personne peut être orientée vers un psychologue. L’accompagnement proposé est celui offert aux personnes accueillies dans le centre d’hébergement et de réinsertion sociale, c’est-à-dire des rendez-vous réguliers avec un éducateur référent.

 

Annick Dorléans
Responsable juridique à l’ARAPEJ

Source : Initiative, Proteste n°136, décembre 2013