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Le maintien difficile des liens affectifs des personnes exclues

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Le maintien des liens familiaux est un droit de la famille. Mais ce droit est-il bien appliqué en ce qui concerne les personnes en situation de grande exclusion ?
Tour d’horizon dans les établissements de l’ARAPEJ 91 (Essonne).

Que signifie la vie intime et affective d’une personne ? Au sens large, la notion comporte plusieurs aspects : le respect des informations personnelles comportant le secret professionnel, le respect du lieu d’hébergement et donc, de l’intimité liée à ce lieu et la prise en compte de la compagne et des enfants dans les demandes de logement. Ces aspects de la vie intime et affective sont pris en considération par l’ARAPEJ.
Mais au sens strict et en référence au règlement de fonctionnement, les personnes hébergées à la Résidence « Le Phare » à Sainte-Geneviève-des-Bois par exemple, ne peuvent recevoir que dans la salle collective, ce qui constitue une importante limite à l’exercice de la vie intime et affective de la personne.

Un hébergement individuel : un espace pour soi
La Résidence « Belle étoile » à Athis-Mons accueille, héberge et aide dans leurs démarches administratives des femmes seules, qui sortent pour la plupart de prison. Madame Djamila Niati, cadre éducatif et chef de service explique qu’il s’agit « d’un hébergement individuel avec un espace pour soi. Les usagers ont l’interdiction de recevoir conformément au règlement de fonctionnement. Les appartements ne sont pas partagés et donc, chaque personne a sa propre intimité. » Si l’intimité des femmes seules est assurée, les relations affectives sont en conséquence impraticables à l’intérieur des appartements.

Des enfants placés et l’interdiction pour les mères de les recevoir
Cette même résidence accueille aussi des femmes seules ayant des enfants placés en familles d’accueil. Hélas, ces femmes ne peuvent pas recevoir les enfants dans la résidence, en application du règlement de fonctionnement et se retrouvent donc dans l’impossibilité d’exercer leur droit de garde et d’hébergement. Les visites doivent être organisées à l’extérieur.

Des appartements pour des couples
À la résidence « Le Rebond » à Draveil, les femmes hébergées avec leur enfant ne peuvent pas avoir de vie intime, dans la mesure où elles dorment avec lui dans des lits superposés. Mais comme le précise Véronique Robin, cadre éducatif et chef de service de l’établissement, « nous disposons de deux appartements avec des couples. Au niveau affectif, un travail sur la parentalité est réalisé. Il y a la possibilité d’accueillir le couple avec ses enfants ; le couple a sa propre chambre et peut ainsi vivre son intimité. »
De manière générale, il semble à la lecture de ces exemples que, si les personnes seules arrivent à avoir une intimité, les structures sociales permettant le maintien des liens affectifs chez le couple et entre ce dernier et ses enfants sont assez rares, voire inexistantes. La vie affective des personnes en situation d’exclusion sociale n’est sans doute pas suffisamment perçue, malheureusement, comme prioritaire. Il s’agit là d’un véritable chantier de réflexion !

 

Annick Dorléans
Responsable juridique à l’ARAPEJ

Source : La vie intime et affective des usagers, Proteste n°138, juin 2014